2024, l’année de la baisse des taux
L’année 2024 a marqué un tournant historique avec l’inversion du cycle des taux d’intérêt, un événement majeur pour les économies mondiales et les marchés financiers. Après une période prolongée de hausse marquée par l’inflation galopante et les chocs successifs depuis 2020, la détente progressive sur les taux a commencé à redéfinir les dynamiques économiques.
2024 : La rétrospective
Les pics de 2023 : des sommets historiques
L’année précédente avait été marquée par des records impressionnants. En France, l’inflation culminait à 6,3 % en février 2023, atteignant des niveaux jamais vus depuis des décennies. Parallèlement, les taux d’intérêt, qu’ils soient longs ou courts, se sont envolés. Les emprunts d’État américains franchissaient la barre des 5 %, et en Allemagne, les taux atteignaient 3 %, un contraste saisissant avec les taux négatifs encore observés début 2022.
Les banques centrales, confrontées à cette flambée des prix, ont adopté des politiques agressives. La Fed, la banque centrale américaine, a procédé à onze hausses de taux depuis mars 2022, la dernière en juillet 2023. Ces décisions ont contribué à freiner l’inflation, mais elles ont également pesé lourdement sur les économies, en particulier en Europe.
Une baisse progressive mais déterminante
Avec une inflation retombée à 3 % fin 2023, la voie était ouverte pour un ajustement des politiques monétaires. Cependant, les banques centrales ont avancé avec prudence, redoutant un rebond imprévu de l’inflation. Ce n’est que le 6 juin 2024 que la BCE a initié une baisse de 0,25 point, marquant le début d’un nouveau cycle. La Fed a suivi en septembre avec une réduction de 0,5 point, puis les deux institutions ont continué à réduire leurs taux, totalisant un recul d’un point sur l’année.
Cette baisse, bien que tardive, a eu un impact significatif, en particulier pour les emprunts d’État. Les taux longs, influencés par les marchés, ont également reculé, avec un rendement de 2,3 % pour l’Allemagne et de 4,5 % pour les États-Unis. Cependant, la prudence reste de mise, car les investisseurs s’inquiètent toujours de la soutenabilité de la dette souveraine dans des pays comme la France, ou encore des faiblesses structurelles des économies chinoise et allemande.
2024 : La rétrospective
Une opportunité pour les épargnants
La remontée prolongée des taux d’intérêt avait rendu les placements sans risque à nouveau attractifs. En 2024, le livret A a culminé à 3 %, un niveau qui devrait toutefois diminuer début 2025. Les fonds euros ont également profité de cette situation, offrant des rendements compétitifs compris entre 2 % et 4,5 %. Cette configuration a permis aux investisseurs de diversifier leurs portefeuilles tout en sécurisant une partie de leur épargne.
2024, l’année de la suprématie américaine
Les États-Unis ont confirmé leur position dominante en 2024, éclipsant les performances des autres grandes économies. Alors que l’Europe s’enfonçait dans la stagnation et que la Chine faisait face à une crise structurelle, l’économie américaine affichait une santé insolente.
Une croissance exceptionnelle
L’économie américaine a défié toutes les prévisions pessimistes. Après des attentes d’un « hard landing » en 2023, puis d’un « soft landing » en 2024, les experts parlent désormais d’un « no landing ». Avec une croissance de 3,1 % sur les quatre derniers trimestres, les États-Unis ont enregistré des performances trois fois supérieures à celles de l’Europe.
Cette vigueur s’est également traduite en Bourse, où le S&P 500 a progressé de 24 % sur l’année. Ces résultats impressionnants contrastent fortement avec l’Eurostoxx 50, qui n’a gagné que 7,5 %. Cette surperformance américaine renforce l’écart avec la Chine, autrefois perçue comme un rival, mais désormais confrontée à un ralentissement économique prolongé.
Les moteurs de cette domination
Plusieurs facteurs expliquent cette réussite. L’épargne accumulée pendant la pandémie a été rapidement dépensée par les consommateurs américains, dopant la demande intérieure. Le marché de l’emploi, en situation de plein-emploi, a également contribué à la hausse des salaires, compensant largement l’inflation. En parallèle, les gains de productivité liés à l’intelligence artificielle ont permis aux entreprises américaines de rester compétitives sur la scène mondiale.
Enfin, la politique énergétique et industrielle des États-Unis a joué un rôle clé. Le pays, désormais autosuffisant en pétrole et en gaz, a profité de la crise énergétique européenne pour renforcer ses exportations. Les investissements publics massifs, notamment via l’Inflation Reduction Act, ont stimulé des secteurs stratégiques comme les énergies renouvelables et la défense.
Les défis de Donald Trump
L’élection de Donald Trump en novembre 2024 a marqué un tournant politique. Le président élu a promis de poursuivre une politique de dérégulation et de protectionnisme pour renforcer encore la position des États-Unis. Toutefois, des tensions inflationnistes persistantes pourraient limiter sa marge de manœuvre, rendant l’équation économique complexe pour les années à venir.
2024, l’année de la dégradation de la France
Pendant que les États-Unis prospèrent, la France a connu une année particulièrement difficile. Le pays, déjà fragilisé par des années de réformes incomplètes, s’est enfoncé dans une crise économique et politique profonde.
Une situation budgétaire alarmante
Le déficit public a atteint 5,6 % en 2024, dépassant les prévisions les plus pessimistes. La dette souveraine, désormais au-delà de 100 % du PIB, pèse lourdement sur les finances publiques. En juin, Standard & Poor’s a abaissé la note de la France, un signal fort de la perte de confiance des investisseurs internationaux.
Une crise politique sans précédent
Les élections européennes ont été un désastre pour les partis au pouvoir, entraînant la dissolution de l’Assemblée nationale. Incapable de former un gouvernement stable, la France s’est retrouvée paralysée, empêchant toute réforme structurelle. Cette impasse a aggravé la crise économique, avec une consommation en berne, un chômage en hausse, et une fuite des investisseurs étrangers.
2024 : La rétrospective
2024, l’année de la flambée du bitcoin
Le bitcoin s’est imposé comme l’un des grands gagnants de l’année, enregistrant une hausse spectaculaire de 120 %. Avec un prix atteignant les 100 000 dollars, il a confirmé son statut d’actif incontournable pour les investisseurs en quête de diversification.
Un tournant réglementaire et politique
L’approbation par la SEC de fonds indiciels (ETF) basés sur le bitcoin a marqué un moment clé pour cette cryptomonnaie. L’élection de Donald Trump a également joué un rôle déterminant, le président élu ayant promis une réglementation favorable aux cryptos et la création de réserves nationales en bitcoins.
2024, c’était aussi une année de contrastes et de bouleversements mondiaux
Si les grands thèmes économiques ont rythmé l’année, d’autres événements majeurs ont façonné 2024. Entre des succès économiques spectaculaires, des crises structurelles et des tensions géopolitiques persistantes, cette année a offert un panorama complexe et contrasté.
L’Inde : un carton plein pour la croissance
L’Inde s’est imposée comme une des grandes gagnantes de l’année avec une croissance de 8,2 % pour l’exercice fiscal 2023-2024. Ce dynamisme repose sur plusieurs piliers. La croissance démographique continue d’alimenter une demande intérieure forte, soutenue par la confiance des ménages et une classe moyenne en expansion. Le gouvernement indien, avec ses politiques pro-business, a également créé un environnement favorable aux investissements étrangers et à l’industrialisation. Ces résultats confirment la position de l’Inde comme un acteur clé de l’économie mondiale, attirant les regards des investisseurs en quête de nouvelles opportunités dans les marchés émergents.
La Chine : une puissance en crise
À l’opposé, la Chine a traversé une année particulièrement difficile. La crise immobilière, qui a plombé les grands promoteurs, continue de peser sur la consommation des ménages, un pilier essentiel de l’économie chinoise. Ce ralentissement interne a été amplifié par la baisse de la demande mondiale, réduisant les exportations, moteur traditionnel de la croissance du pays. Enfin, les sanctions américaines ciblant les technologies stratégiques chinoises ont freiné le développement de plusieurs industries, aggravant les tensions économiques. La Chine reste une grande puissance, mais les défis structurels qu’elle affronte interrogent sur sa capacité à maintenir son rôle de locomotive mondiale.
L’Europe : entre crises sectorielles et économiques
L’Europe a également fait face à des défis majeurs en 2024, notamment dans le secteur automobile. L’industrie européenne a subi de plein fouet le dumping des véhicules électriques chinois, dont les prix compétitifs ont bousculé les constructeurs traditionnels. À cela s’ajoute la fin des joint-ventures sino-européennes, qui avaient permis un transfert de technologie précieux pour les fabricants européens. Cette débâcle a mis en lumière la nécessité pour l’Europe de renforcer sa souveraineté industrielle dans un secteur stratégique.
En Allemagne, la situation économique s’est également dégradée. La première puissance économique européenne a enregistré une croissance négative en 2024, reflétant des faiblesses structurelles exacerbées par une crise politique. La coalition au pouvoir, fragile, n’a pas réussi à surmonter les blocages liés à la « règle d’or » constitutionnelle interdisant les déficits budgétaires. Ce cadre rigide empêche la mise en place d’un plan de relance nécessaire pour sortir de l’impasse économique.
Tensions géopolitiques : une année sous haute pression
L’embrasement du conflit israélo-palestinien a marqué les esprits en 2024, aggravant une situation déjà tendue au Moyen-Orient. Parallèlement, le conflit russo-ukrainien s’est enlisé, sans perspective de résolution, tout en continuant à peser sur les relations internationales et les marchés énergétiques. Ces tensions ont renforcé l’incertitude géopolitique, un facteur clé pour les investisseurs cette année.
La Grande-Bretagne et l’Argentine : deux trajectoires politiques opposées
En Grande-Bretagne, les élections ont signé la débâcle des conservateurs menés par Rishi Sunak, ouvrant la voie à une majorité absolue pour le Parti travailliste. Ce changement radical pourrait redéfinir les orientations économiques et sociales du pays, après des années de turbulences post-Brexit.
À l’autre bout du globe, l’Argentine a amorcé un redressement spectaculaire sous la présidence de Javier Milei. Grâce à une politique d’austérité sans précédent, le pays a réussi à réduire son déficit budgétaire et à juguler une inflation galopante. Bien que ces mesures aient été socialement difficiles, elles ont permis à l’Argentine de regagner la confiance des investisseurs internationaux.
2024 : La rétrospective
2024, l’année des placements record et des secousses
Les marchés financiers ont également connu des moments forts en 2024, oscillant entre records historiques et corrections brutales.
L’or atteint de nouveaux sommets
Le métal précieux a atteint un record historique à 2 790 dollars l’once, porté par plusieurs facteurs. Les anticipations de baisse des taux ont renforcé son attrait en tant que valeur refuge, tandis que les incertitudes géopolitiques, notamment liées au retour de Donald Trump au pouvoir, ont accentué la demande. Par ailleurs, la volonté de nombreuses banques centrales de réduire leur dépendance au dollar a soutenu la montée de l’or, confirmant son rôle central dans les portefeuilles des investisseurs prudents.
Des records boursiers mondiaux
Les indices boursiers ont également marqué l’année. En mars, le CAC 40 a franchi la barre symbolique des 8 000 points, un sommet historique qui reflète la résilience de certaines grandes entreprises françaises. Aux États-Unis, la Bourse a continué de surperformer, avec des gains impressionnants sur le S&P 500. Le Nikkei japonais, quant à lui, a battu un record vieux de 34 ans, illustrant la dynamique retrouvée des entreprises nippones.
Le mini-krach d’août : un rappel des risques
L’été 2024 a cependant rappelé que les marchés restent vulnérables. En août, un ralentissement économique provoqué par l’inflation et la remontée brutale des taux a déclenché une correction notable. Ce mini-krach a été particulièrement sévère au Japon, où le carry trade sur le yen a entraîné une chute de plus de 20 % du Nikkei. Ces événements soulignent l’importance d’une gestion rigoureuse des risques dans des marchés de plus en plus imprévisibles.
Conclusion : une année de défis et d’opportunités
L’année 2024 a été marquée par des contrastes saisissants. Alors que certains pays comme les États-Unis et l’Inde ont brillé par leur dynamisme, d’autres, comme la France et la Chine, ont affronté des crises profondes. Les marchés financiers ont offert des opportunités inédites, mais également des rappels à l’ordre pour les investisseurs imprudents.
Chez Centaure Investissements, nous restons mobilisés pour analyser ces tendances et vous accompagner dans vos choix de placements. Alors que nous tournons la page de cette année riche en enseignements, nous vous aidons à construire un patrimoine résilient et adapté aux défis de demain.