L’élection des membres du Parlement européen, qui se déroulera du 6 au 9 juin prochains, est un moment important pour l’Union Européenne (UE). Tous les cinq ans, les citoyens de l’UE sont appelés à élire leurs représentants au Parlement, une institution clé qui partage les compétences législatives avec le Conseil de l’UE et exerce un contrôle sur la Commission. Cette élection revêt une importance particulière cette année en raison des nombreux défis économiques et géopolitiques que l’Europe doit relever.
Elections européennes : Quels enjeux pour l’avenir ?
Historique des élections européennes
Lors de la première élection en 1979, l’UE, alors appelée Communauté Économique Européenne, ne comptait que neuf membres. Cette élection marquait une avancée démocratique significative avec un taux de participation de 62% en moyenne. Cependant, à mesure que l’UE s’est élargie pour inclure jusqu’à 28 pays, l’intérêt des électeurs a diminué, atteignant un taux de participation historiquement bas de 43% en 2014. Cette période était marquée par des récessions successives et des crises financières, sapant la confiance des citoyens dans l’UE.
L’élection de 2019 : un renouveau
En 2019, l’UE se trouvait dans une situation économique et financière plus stable. Le Brexit avait paradoxalement renforcé la cohésion des 27 pays restants. Par ailleurs, la zone euro bénéficiait d’une stabilité accrue grâce aux actions de la Banque Centrale Européenne (BCE) sous la direction de Mario Draghi. Ainsi, la participation avait rebondi à 51%, signalant un regain d’intérêt pour les affaires européennes. La nouvelle Commission, présidée par Ursula von der Leyen, avait alors lancé des initiatives ambitieuses en matière de neutralité climatique, de transformation numérique et de renforcement de l’influence géopolitique de l’UE.
Depuis la dernière élection, l’UE a dû faire face à des événements exceptionnels. Vous l’aurez compris, il s’agit de la pandémie de COVID-19 en 2020 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. Nous savons que la pandémie a provoqué une récession sévère, bien que suivie d’un rebond rapide. Néanmoins, en 2024, l’économie européenne n’a pas retrouvé son niveau d’avant-pandémie. Pour preuve, le PIB réel reste inférieur de 3,5% aux prévisions de 2019, et les investissements sont en baisse de 15%.
D’autre part, la guerre en Ukraine a entraîné une hausse spectaculaire des prix de l’énergie, accentuant les tensions inflationnistes déjà présentes à cause des perturbations de la pandémie. En réponse, la BCE a dû resserrer sa politique monétaire. Bien que l’inflation soit maintenant proche de l’objectif, les conséquences sur les prix et les conditions de crédit persistent, alimentant l’euroscepticisme parmi les électeurs.
Les réponses de l’UE aux crises
L’UE a adopté des mesures audacieuses pour contrer ces crises. En 2020, un plan de relance massif équivalent à 6% du PIB a été mis en place pour soutenir les pays les plus touchés. Ce plan, bien que temporaire, pourrait servir de modèle pour de futures initiatives visant à renforcer les capacités de défense, l’investissement technologique et la transition énergétique.
Face aux défis mondiaux, tels que les politiques industrielles agressives des États-Unis et de la Chine, l’UE doit également renforcer sa compétitivité. Le marché unique reste incomplet, notamment dans le secteur financier. Des propositions récentes, comme celles d’Enrico Letta et Mario Draghi, préconisent une plus grande intégration des marchés de capitaux et une réduction de la fragmentation sectorielle.
Les enjeux sont nombreux
À l’approche des élections européennes, les enjeux sont nombreux. Les citoyens de l’UE devront choisir des représentants capables de naviguer dans un contexte économique et géopolitique complexe. La prospérité et la sécurité de l’Europe dépendent de décisions stratégiques en matière de politique économique, d’investissement et de cohésion. Ces élections sont l’occasion de renouveler la confiance dans le projet européen et de tracer une voie vers un avenir plus sûr, innovant et durable.