Pendant que tout le monde admirait la cérémonie d’ouverture des JO, l’Union Européenne a formellement lancé le 26 juillet les procédures pour déficits publics excessifs ciblant la France et six autres Etats membres. C’est une première depuis la suspension des règles budgétaires en 2020, avec la crise sanitaire.

Outre la France, ces décisions visent l’Italie, la Belgique, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et Malte. Par ailleurs, la Roumanie, qui est sous le coup d’une telle procédure depuis 2019, continue d’en subir les effets faute d’avoir pris les mesures d’ajustement nécessaires. La France n’est pas le plus mauvais élève européen. Son déficit était à 5,5% du PIB l’an dernier. L’Italie et la Hongrie ont fait pire, respectivement avec 7,4% et 6,7% du PIB. Maintenant, la France doit présenter un plan d’ajustement le 20 septembre prochain à la Commission Européenne. S’il n’est pas jugé satisfaisant, le verdict des marchés ne tardera pas à tomber. Le 11 octobre prochain, l’agence Fitch sera la première à réviser la note souveraine de la France.

L'édito Centaure Investissements par Christopher Dembik

 

 

Choc fiscal à venir

 
Tout cela tombe au pire moment. Évidemment, le contexte politique est mauvais. Nous nous dirigeons droit vers une hausse sans précédent de la fiscalité. Le NFP a annoncé 150 milliards d’euros d’impôts supplémentaires sur trois ans, par exemple. Le tout, en ne respectant pas les règles budgétaires européennes, ce qui s’apparente à un Frexit (une sortie de l’UE). Parmi les mesures que le NFP met en avant : un impôt universel sur le modèle américain.
 
Concrètement, si vous êtes de nationalité française mais résidant à l’étranger, vous serez soumis à l’impôt français. C’est une vieille idée fixe de la gauche. Est-ce faisable ? Les Américains sont en mesure de collecter les impôts fédéraux des Américains vivant à l’étranger uniquement grâce à la puissance de l’extraterritorialité de leurs sanctions vis-à-vis des banques étrangères. Ce n’est pas le cas ailleurs dans le monde et faute de mécanismes de reporting des comptes à l’étranger, une telle mesure est inutile, inefficace et stigmatisante. L’imposition des Français de l’étranger sera très contraignante pour les millions de Français qui sont couverts par des conventions fiscales et ne permettra pas d’aller récupérer les plus gros revenus. Comme souvent, la théorie est en décalage complet avec la pratique !
 

 

Quid de la hausse de la fiscalité sur les entreprises ?

 
 
Malheureusement, c’est probable, peu importe les coalitions qui vont se mettre en place au Parlement. C’est un moyen facile et presque immédiat d’accroître les recettes. Mais cela va compliquer la donne pour les entreprises qui ne sont déjà pas au meilleur de leur forme. Les titres des documents présentant les résultats des enquêtes mensuelles de conjoncture de l’INSEE sont sans équivoque. Exemples « en juillet 2024, le climat des affaires dans l’industrie du bâtiment s’assombrit de nouveau ; le climat des affaires se dégrade dans le commerce de gros » etc…
 
Nous sommes face à une dégradation marquée et généralisée du climat des affaires en juillet. Cela s’explique par l’incertitude politique résultant des élections législatives anticipées mais, aussi, par un contexte global de ralentissement de la croissance un peu plus marqué que prévu. Même aux États-Unis, qui reste la locomotive économique mondiale, on observe des signes de ralentissement de l’activité. Lamb Weston, qui est l’un des principaux fournisseurs de pommes de terre pour McDonald’s, a mis en garde contre une chute accélérée de la demande au cours des derniers mois, qui risque de s’amplifier dans la prochaine année fiscale. Cela n’augure rien de bon pour la France qui a plutôt tendance à connaître une croissance atone même lorsque l’économie mondiale se porte bien.
 
 

Attendre est la pire option

 
 
Notre pays possède encore énormément d’atouts. Mais il faut regarder la situation en face : la productivité continue de décroître, une partie importante de la population croit aux mirages de l’argent magique et pense qu’on peut créer de la richesse en surtaxant à des niveaux qui s’assimilent à de l’expropriation, notre classe politique n’est pas à la hauteur, nous n’investissons pas suffisamment dans la recherche fondamentale qui est pourtant essentielle pour créer de nouvelles filières industrielles, et nous refusons de nous engager sur le chemin de la dérégulation et de la réduction du poids de l’État dans l’économie.
 
 

Le décrochage ne sera pas brutal.

 
 
Même si nous ne renouons pas avec une trajectoire budgétaire soutenable et que les agences de notation dégradent notre note cette année ou l’an prochain, la France ne va pas devenir du jour au lendemain la Grèce. Le taux d’emprunt ne va pas exploser en l’espace de quelques mois. Notre dette reste attractive. En revanche, sur le temps long, la prime de risque exigée par les investisseurs étrangers va doucement mais durablement augmenter pour atteindre des niveaux qui feront que le gouvernement devra prioritiser avant tout autre choix budgétaire le remboursement des intérêts de la dette.
 
Concrètement, il n’aura aucune marge de manœuvre réelle pour investir dans la sécurité, l’éducation, la santé ou la justice. Par conséquent, autant commencer dès maintenant l’ajustement budgétaire. Augmenter les impôts dans un contexte d’activité en berne, comme le propose le NFP, est la pire chose à faire. En revanche, il y a certainement des pistes d’économie du côté de l’État et des collectivités.
 
Un exemple très symbolique : les agents techniques de l’État et des collectivités sont obligés de suivre des formations…pour changer une ampoule ! C’est la formation habilitation électrique, ça dure deux jours et ça coûte à la collectivité 349 euros par agent…Utile ou inutile ?

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