Le premier fonds thématique est apparu en 1995. A l’époque, on ne parlait pas de fonds thématique d’ailleurs. Ce n’est que bien plus tard que cette terminologie est apparue. C’est le gestionnaire suisse Pictet AM qui en est à l’initiative avec un fonds en actions dédié aux biotechs – Pictet-Biotech – qui existe toujours. Ce qui aurait pu rester une niche pour investisseur sophistiqué était en réalité l’expression d’une toute nouvelle manière de penser l’investissement que l’on pourrait résumer ainsi « Asseyons-nous un moment, regardons le monde évoluer et essayons de comprendre pourquoi ».
Depuis, Pictet AM a développé près de 14 fonds thématiques et garde une avance certaine dans le domaine, même si ces dernières années il a été copié par de très nombreux concurrents.
Cet article a été publié initialement sur Centaure Investissements Connect dans la rubrique « conseils – gestion de l’épargne ».
Les gérants de Pictet AM sont partis du principe qu’il y a de grandes forces structurelles à long terme qui façonnent l’économie.
La biotech est un segment incontournable qui est à la croisée de plusieurs forces très puissantes comme le vieillissement de la population et l’accélération du progrès technologiques. Mais on peut aussi penser à la transition énergétique, à la robotique, au digital (avec les grandes valeurs technologiques américaines), à l’eau (qui est aussi un thème d’investissement), à la biodiversité ou encore à l’aérospatial (une boutique parisienne a lancé un fonds récemment). Le champ des possibles est presque infini.
Le dernier de la gamme Pictet AM, lancé en 2023, est le fonds Global Environmental Opportunities qui vise à sélectionner les entreprises chinoises cotées qui sont positionnées sur la transition écologique.
Quel intérêt pour l’épargnant ?
C’est un bon outil marketing. Il faut le reconnaître. C’est toujours plus aisé pour un épargnant d’investir dans quelque chose qu’il comprend. Par exemple, le déclin démographique, l’essor technologique, la transition écologique sont autant de sujets qui parlent à tout le monde et qu’on expérimente même au quotidien. Ne dit-on pas en bourse qu’il faut toujours investir sur ce qu’on connaît ? Un passionné de sport va plutôt acheter des actions de Planet Fitness (très bonne performance boursière d’ailleurs) que d’Airbus.
Découvrir les fonds thématiques
La performance est là sur le long terme.
Les fonds thématiques ont pour vocation de capturer les grandes tendances à l’œuvre au niveau de l’économie. Cela implique de placer son argent sur le long terme (> à 5 ans au moins). Sur une telle durée, la plupart des fonds affichent une très solide performance, souvent à deux chiffres. Toutefois, il y a quelques exceptions, comme des fonds atypiques adossés au bois par exemple, qui peinent à sortir du lot. Tous les fonds ne valent pas.
Les gérants sont interventionnistes, ils ne font pas que sélectionner des entreprises qui sont amenées à obtenir de bons rendements sur le long terme pour les investisseurs. Ils peuvent aussi influencer la stratégie de ces entreprises, les accompagner dans la transition écologique ou encore les inciter à améliorer la gouvernance. C’est un levier important pour rendre les entreprises plus vertueuses, particulièrement sur des marchés où beaucoup d’améliorations sont nécessaires (comme la Chine et l’Inde).
Les valeurs technologiques sont incontournables
La gestion thématique n’échappe pas à une tendance de fond qu’on observe sur tous les autres supports d’investissements en actions – à savoir la concentration du marché boursier. Selon FactSet, les dix principales entreprises de l’indice Russell 1000, qui regroupe les 100 principales entreprises cotées à la bourse américaine, représentent 31,3% de la valorisation de l’indice au début de l’année 2024. C’est un record. Les valeurs technologiques sont, sans surprise, en haut du podium. Cette semaine, le fabricant de puces électroniques Nvidia a passé le cap des 1800 milliards de dollars de valorisation. Cela équivaut à la valorisation totale du segment de l’énergie au niveau de l’indice large S&P 500.
Un marché boursier oligopolistique
Nous sommes face à un marché boursier oligopolistique aux États-Unis où une poignée d’entreprises technologiques accaparent la majorité des flux et constituent le gros de la performance. En d’autres termes, pour qu’un fonds thématique performe, il faut qu’il ait des valeurs technologiques américaines en portefeuille. C’est ce que les dernières années ont mis en lumière. Ainsi, les fonds qui ont les performances les plus conséquentes sont ceux du digital et de la robotique, loin devant les thématiques de l’environnement.
Ce n’est pas la première fois que le marché boursier américain est confronté à une telle situation. C’est arrivé il y a soixante ans avec les entreprises pétrolières. Une aussi forte concentration boursière n’est pas saine, évidemment. Mais elle peut durer longtemps…très longtemps. Ce n’est donc pas un argument suffisant pour se tenir à l’écart des valeurs technologiques et encore moins du marché boursier américain. Les gérants l’ont bien compris.
« Parler le gérant »
Avant de sélectionner son fonds thématique (ou n’importe quel autre fonds d’ailleurs), il faut d’abord analyser la performance sur le long terme … Cela implique de comprendre le vocabulaire utilisé par les gérants. Le rendement d’un fonds peut être soit à performance absolue, soit à performance relative. Un fonds à performance absolue va chercher à réaliser une performance positive quelles que soient les conditions de marché sur une période d’investissement donnée. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’on va chercher à battre systématiquement le marché mais plutôt à obtenir une performance positive régulière.
A l’inverse, un fonds à performance relative va chercher à obtenir une performance meilleure qu’un indice de référence (souvent le MSCI World qui est l’indice mondial de référence pour le marché des actions). Pour un épargnant, il n’y a pas une typologie de fonds qui soit meilleure que l’autre. Il faut simplement bien comprendre de quoi on parle … Force est de constater que les gérants ne font pas toujours cet effort de pédagogie.
L’alpha
Il y a un autre terme technique qu’on retrouve parfois : l’alpha (« pour obtenir de l’alpha, il faut XXX », par exemple). L’alpha permet d’apprécier si un fonds (ou une action) bat son indice de référence. Par exemple, si l’alpha est de 3, cela signifie que le fonds bat son indice de 3%. Si l’alpha est négatif, c’est une mauvaise nouvelle pour l’épargnant en revanche. Ce terme est moins utilisé par le grand public. Mais il revient souvent dans la bouche des gérants.
Dans tous les cas, n’hésitez pas à poser toutes les questions que vous jugez importantes à votre conseiller financier (à défaut d’être en contact en direct avec le gérant), à la fois sur la composition du fonds, les équipes, la volatilité du fonds, la performance à 5 ans. C’est un prérequis avant d’investir.
Disclaimer : Cette communication est à but informatif uniquement et ne constitue pas une recommandation personnalisée d’investissement. La responsabilité du groupe Centaure Investissements ne saurait être engagée en raison des informations contenues dans cette communication.
Les performances passées ne présagent pas des performances à venir.