Analyse de la situation économique française : entre inquiétude et incertitudes
Dans un contexte économique tendu, la période actuelle soulève de nombreuses interrogations. Malgré les craintes ambiantes, les économistes ne prévoient pas de récession à court terme. Cependant, ils redoutent une hausse des taux d’intérêt en réponse à l’endettement public croissant. Il est à noter que peu de fonds sont directement exposés au marché français, notamment au CAC 40. De plus, les contre-pouvoirs, tels que le Conseil constitutionnel et le Sénat, qui est majoritairement à droite, jouent un rôle crucial dans ce contexte. Néanmoins, la dette est le sujet qui inquiète les acteurs économiques (et les autres) actuellement. Et comme dirait l’autre, si rien n’est fait rapidement, « ça va piquer » … Heureusement que la France dispose d’un taux d’épargne de 19% ce qui constitue un véritable trésor de guerre pour le futur gouvernement qui aimerait avoir accéder à tout ou partie de cette épargne en vue d’amoindrir la dette.
La France dans l’incertitude
Perspectives économiques et fiscales après le 7 juillet
À l’approche du 7 juillet, les perspectives économiques et fiscales semblent peu encourageantes. La volonté de distribuer des aides pour augmenter le pouvoir d’achat des Français se heurte à la réalité d’un déficit budgétaire et d’une dette insoutenable. Inévitablement, des hausses d’impôts, un mal récurrent en France, sont prévues. Mais au delà de ce constat, aucun candidat n’est capable de dresser un réel bilan de la situation économique du pays à des fin pédagogique, en vue d’embarquer les Français dans un véritable plan de grande envergure.
Le programme économique du Front populaire
Le Front populaire propose un programme économique et fiscal ambitieux, proche de celui de la NUPES et de La France Insoumise. Ce programme repose sur deux principes fondamentaux. D’une part, une augmentation massive des dépenses financée par une hausse tout aussi importante des impôts. Les mesures incluent le blocage des prix de l’électricité et des biens de première nécessité, une hausse du SMIC, la revalorisation des aides sociales, l’augmentation des salaires des fonctionnaires et la retraite à 60 ans. En tout, cela représente environ 80 à 100 milliards d’euros de dépenses supplémentaires. Ces projets sont donc complètement irréalistes sur le plan économique.
D’autre part, pour financer ces mesures, le Front populaire propose la suppression de la flat tax, l’introduction de 14 tranches d’imposition sur le revenu, le retour de l’ISF et l’augmentation de la taxation des successions. Cependant, certaines hypothèses paraissent tout autant irréalistes, comme celle d’un ISF rapportant 15 milliards d’euros alors qu’il n’a jamais rapporté plus de 4 milliards dans le passé.
Mais à quoi pourrait ressembler le nouveau barème de l’impôt sur le revenu proposé par le Nouveau Front Populaire ?
Notez que ce barème provient d’un amendement n°CF119 (amendement rejeté par la Commission des finances) déposé par des députés du groupe de La France Insoumise (notamment M Mélenchon, r Ruffin, M Coquerel, M Corbière, Mme Obono, Mme Autain, Mme Panot) au cours de la discussion budgétaire portant sur la loi de finances pour 2022
Notez également que le taux de 90% envisagé pour la fraction du revenu net imposable supérieur à 411 683 € serait probablement considéré comme étant confiscatoire par le Conseil Constitutionnel.
Le barème proposé
Ainsi, le barème proposé dans le cadre de l’amendement n°CF119 discuté au sein de la Commission des finances de l’Assemblée Nationale au cours de l’examen du projet de loi de finances pour 2022 est le suivant :
- 5 % pour la fraction supérieure à 10 292 € et inférieure ou égale à 15 438 € ;
- 10 % pour la fraction supérieure à 15 438 € et inférieure ou égale à 20 584 € ;
- 15 % pour la fraction supérieure à 20 584 € et inférieure ou égale à 27 789 € ;
- 20 % pour la fraction supérieure à 27 789 € et inférieure ou égale à 30 876 € ;
- 25 % pour la fraction supérieure à 30 876 € et inférieure ou égale à 33 964 € ;
- 30 % pour la fraction supérieure à 33 964 € et inférieure ou égale à 38 081 € ;
- 35 % pour la fraction supérieure à 38 081 € et inférieure ou égale à 44 256 € ;
- 40 % pour la fraction supérieure à 44 256 € et inférieure ou égale à 61 752 € ;
- 45 % pour la fraction supérieure à 61 752 € et inférieure ou égale à 102 921 € ;
- 50 % pour la fraction supérieure à 102 921 € et inférieure ou égale à 144 089 € ;
- 55 % pour la fraction supérieure à 144 089 € et inférieure ou égale à 267 594 € ;
- 60 % pour la fraction supérieure à 267 594 € et inférieure ou égale à 411 683 € ;
- 90 % pour la fraction supérieure à 411 683 €. »
La position du Rassemblement National
Du côté du Rassemblement National (RN), le discours est plus flou. Le parti justifie l’abandon de certaines réformes coûteuses promises par la gravité de la situation économique héritée. Ainsi, la retraite à 60 ans est mise de côté en attendant un audit des finances publiques. Toutefois, cet audit ne fera que confirmer que la durée du temps de travail ne pourrait être qu’allongé du fait de la démographie en chute libre, du nombre d’actifs en baisse et des caisse de retraite en déficit. Néanmoins, le RN propose également une série de dépenses, notamment la baisse des prix de l’électricité et l’exonération d’impôts pour les moins de 30 ans, ainsi qu’une baisse de la TVA. Mais les détails sur le financement de ces mesures restent vagues et un projet plus détaillé est attendu prochainement.
Le statu quo de Renaissance
Le gouvernement en place, quant à lui, continue sur la lancée des années précédentes avec une politique de « quoi qu’il en coûte » et de nombreuses primes Macron, sans réduction notable des dépenses publiques. Cette approche soulève des questions sur la viabilité à long terme de telles politiques économiques.
Voir notre vidéo sur le sujet : La dette publique peut-elle survivre aux crises économiques ?
La France dans l’incertitude
Quels contre-pouvoirs face aux dérives économiques ?
La question clé est de savoir si le prochain gouvernement pourra mener des politiques économiques sans entrave. Plusieurs contre-pouvoirs peuvent jouer un rôle crucial.
- L’Europe
La Commission européenne a le pouvoir de sanctionner les États membres pour déficit excessif. Cependant, comme le soulignait Jacques Chirac, « elle ne peut pas nous envoyer les chars, elle n’en a pas ». La Banque centrale européenne (BCE) pourrait également intervenir en refusant de calmer les tensions sur les taux d’intérêt si aucun effort n’est fait pour réduire les déficits.
Par ailleurs, le chef économiste de la BCE a récemment déclaré qu’elle n’envisageait pas d’intervenir immédiatement sur la dette française. Selon cette autorité, la situation actuelle ne constitue pas une crise, bien que l’écart de dette entre la France et l’Allemagne se soit notablement creusé.
La BCE dispose d’un programme anti-fragmentation
Il est important de rappeler que la BCE dispose d’un programme anti-fragmentation, conçu pour intervenir sur la dette d’un ou plusieurs pays de la zone euro lorsque l’écart de taux devient alarmant. Ce programme vise à prévenir les tensions sur les marchés obligataires et à maintenir la stabilité financière au sein de la zone euro.
Pour l’instant, la BCE adopte une position d’attente prudente, observant l’évolution de la situation économique et politique en France. Les résultats du premier et, surtout, du deuxième tour des élections seront déterminants pour évaluer la nécessité d’une
- Le marché
Le marché financier est un arbitre de taille. Bien que la France ne puisse plus être sanctionnée sur sa devise (l’euro amortissant le choc), elle peut l’être sur la Bourse et surtout sur les taux d’intérêt. Actuellement, la baisse de l’inflation a initié un cycle de baisse des taux d’intérêt. Cependant, la situation politique pourrait freiner la croissance, affectant l’inflation et limitant ainsi la hausse souhaitable des taux d’intérêt pour limiter la casse budgétaire.
Une alternative possible ?
Depuis hier, une nouvelle petite musique résonne sur les marchés financiers, cherchant à apporter un peu de réconfort face aux incertitudes politiques. On évoque la possibilité d’une troisième voie entre le Rassemblement National (RN) et un Front de Gauche incarné par La France Insoumise (LFI). Une alternative qui pourrait représenter une position centriste.
Si ni le RN, ni le Front de Gauche n’obtiennent la majorité absolue, une alliance pourrait se former entre le mouvement Renaissance et la gauche sociale-démocrate. Cette gauche serait prête à quitter le Front de Gauche une fois les élections passées pour s’associer avec Renaissance. Une telle coalition pourrait se traduire par la nomination d’un Premier ministre issu de cette mouvance, tel que François Hollande ou une personnalité équivalente.
Cette hypothèse souligne la gravité de la situation politique actuelle en France. En effet, considérer François Hollande, dont le mandat a été marqué par de nombreux défis économiques et sociaux, comme un recours possible illustre bien l’urgence de trouver une solution stable et viable pour le futur gouvernement.
Conclusion : une situation incertaine
En conclusion, la situation économique en France est loin d’être réjouissante. Le programme du RN, bien que moins effrayant en raison d’une certaine « melonisation », soulève des inquiétudes sur un possible blocage du pays. Le programme du Front de Gauche, quant à lui, suscite de vives critiques. Enfin, l’éventualité d’une majorité introuvable n’est guère plus rassurante.
Il est donc prématuré de prédire avec certitude l’évolution économique de la France. Les prochains mois seront déterminants pour observer comment ces différents scénarios se concrétisent et impactent la stabilité économique et financière du pays.