Comment investir en bourse lorsqu’on est débutant ?
Il n’y a pas de bon ou de mauvais moment pour investir en bourse. C’est la première règle qu’on doit avoir à l’esprit. Vous pouvez le faire pendant les périodes fastes (lorsque les marchés affichent de solides rendements comme en 2021). Mais vous pouvez également le faire pendant les périodes de fortes baisses. Par exemple en mars 2020 au moment du premier confinement mondial ou en septembre 2022 alors que les bourses chutaient du fait des craintes concernant l’inflation et de la hausse des taux directeurs par les banques centrales.
L’idée est d’entrer sur des valeurs décotées qui finiront, avec le temps, par renouer avec des niveaux plus élevés. Il s’agit alors de discerner les phases de marché où la baisse est excessive (souvent à cause d’anticipations auto-réalisatrices).
En outre, vous pouvez le faire à tout âge*. J’ai été agréablement surpris que mes étudiants de première année à Sciences-Po (qui ont donc en moyenne 18 ans) me demandent de faire un cours sur l’investissement en bourse alors que ce n’est pas au programme ! C’est la preuve que tout n’est pas perdu. La nouvelle génération n’est pas unanimement en faveur de la décroissance, d’une plus forte taxation et averse au risque.
Pour investir en bourse, il y a deux façons principales de faire : soit investir directement via un courtier et gérer son portefeuille au quotidien (potentiellement en ayant recours à son PEA), soit utiliser des supports financiers qui permettent d’investir sur les actions.
Comment investir en bourse lorsqu’on est débutant ? Faites une pause, c’est l’édito de Christopher Dembik !
Comment investir en bourse lorsqu’on est débutant ?
Investir par soi-même
Si vous choisissez de passer par un courtier et de gérer soi-même son portefeuille, il y a deux principes d’hygiène financière qu’il convient de respecter :
1) Opter pour le concept de l’abonnement en bourse. Cela signifie investir chaque mois la même somme et s’y tenir afin d’avoir un capital investi qui augmente au fur à mesure du temps. La plupart des courtiers proposent cette option qui permet d’automatiser les transferts sur son compte titre ;
2) Ne pas avoir ni trop, ni pas assez de lignes dans son portefeuille. L’erreur du débutant consiste à avoir seulement deux ou trois lignes (généralement deux ou trois entreprises cotées pour lesquelles on a un attachement particulier). Il faut absolument diversifier. Le bon niveau est d’avoir en moyenne dix lignes. Au-delà de quinze, cela devient compliqué à gérer et risque de diluer la performance. Ces dix lignes doivent refléter à la fois une diversification en termes de capitalisation (petites versus grandes capitalisations), de gestion, de devises (actions libellées en euro, en dollar etc.), de géographie (c’est évident) et de supports d’investissement (on peut opter pour des options sur actions qui donnent le droit d’acheter ou de vendre des actions à un prix d’exercice prédéfini avant la date d’expiration, par exemple).
On peut choisir de se positionner sur les rares titres qui sont les plus résilients
Dans le contexte actuel où beaucoup d’actions sont dans le rouge depuis le début de l’année, cela peut paraître compliqué de choisir cette possibilité. Mais pas nécessairement, en fait. Vous pouvez choisir de vous positionner sur les rares titres qui sont les plus résilients. Ainsi, vous jouez la carte de la prudence.
A la Bourse de Paris, c’est simple, il y a seulement trois valeurs du CAC 40 qui sont dans le vert depuis janvier (au moment de la rédaction de cet édito). Il s’agit de Thalès (pour la défense, ce qui est logique étant donné le contexte international), TotalEnergies (il suffit de regarder l’évolution des prix de l’énergie pour comprendre la progression du titre) et de Renault (qui est la bonne surprise de l’année boursière). L’entreprise fait une belle recovery avec un énorme R.
Son concurrent Stellantis n’est pas mal positionné non plus avec un solide capitaine à bord (Carlos Tavares) et une rentabilité autour de 14-15 % qui est digne d’un constructeur de voitures de luxe. En revanche, le titre a été un peu chahuté avec une baisse de 25 % depuis le début de l’année. Mais c’est une belle valeur à moyen terme (n’oublions pas que lorsqu’on investit en bourse, on le fait normalement avec un horizon-temps de plusieurs années, d’au moins cinq ans).
Il existe aussi quelques investissements hautement spéculatifs
Pour les plus aventureux et aguerris, il existe aussi quelques investissements hautement spéculatifs (donc risqués par définition). Ce sont les quelques valeurs qui risquent de faire l’objet d’une sortie de cotation et dont le titre pourrait bondir dans ce cadre-là. On pense à Colas (qui appartient à 90 % à Bouygues), en particulier. Effectivement, le groupe de BTP est en difficulté dans plusieurs pays d’Europe du fait de la hausse des intrants, des fortes progressions salariales (parfois à deux chiffres !) et de l’incapacité de répercuter la progression des coûts sur ses principaux clients (habituellement des Etats avec lesquels les clauses de révision de prix ne sont pas toujours optimales).
Dans la même ligne, le dossier Gaumont (les fameux cinémas) est certainement à surveiller. Le groupe est en difficulté à cause de la Covid, de l’effet Netflix et surtout de la hausse des coûts de l’énergie (la ventilation représente jusqu’à 90 % du coût de l’énergie dans les cinémas). Un retrait de la cotation pourrait parfaitement faire sens.
Comment investir en bourse lorsqu’on est débutant ? Déléguer
Pour ceux qui ne souhaitent pas gérer eux-mêmes leur portefeuille d’investissement (ce n’est pas toujours une sinécure puisque cela nécessite d’avoir du temps et de résister au stress pendant les périodes de forte baisse), il existe plusieurs supports financiers pour investir avec une plus grande tranquillité d’esprit sur les actions.
Les principaux sont : les fonds actions et les fonds flexibles dans l’assurance-vie (large choix d’univers d’investissement, gestion active dans le cas des fonds flexibles qui permet de s’adapter rapidement aux conditions du marché, par exemple), certains produits d’épargne retraite comme le PER, le contrat de capitalisation (qui permet d’optimiser sa succession avec les donations, entre autres) et également le PEA assurance (qui a pour spécificité d’offrir une disponibilité partielle de son épargne en cours de contrat sans provoquer la clôture du plan).
On le voit, il n’y a pas d’excuse pour ne pas investir. A titre personnel, j’investis moi-même sur une sélection de quelques valeurs mais j’ai aussi une assurance-vie (avec des fonds actions et de la SCI pour être exposé à l’immobilier) et un PER. C’est la base, selon moi.
Ne pas investir dans un contexte où l’inflation va certainement faire une pointe à 8 % en France et où les hausses salariales seront dans tous les cas inférieures (d’après les enquêtes d’opinion réalisées par le courtier en assurances WTW, les hausses de salaire l’an prochain devraient seulement être comprises entre 3-4 % en France), c’est suicidaire. Cela conduit à un appauvrissement de son épargne.
*Même pour un mineur mais dans ce cas le représentant légal est désigné en tant que mandataire du compte-titre.
Comment investir en bourse lorsqu’on est débutant ?