La crise de la Covid ainsi que l’arrivée de nouveaux intermédiaires financiers, comme Trade Republic, ont popularisé le recours aux ETFs pour placer son épargne. C’est ce qu’on appelle aussi la gestion passive, qu’on oppose traditionnellement à la gestion active.

 

L'édito Centaure Investissements par Christopher Dembik

Faut-il préférer la gestion active ou la gestion passive ?

 

De quoi s’agit-il ?

 

Avec la gestion passive, la performance du fonds réplique celle de l’indice. Ainsi, un fonds répliquant le CAC 40 achète toutes les actions composant le CAC 40 pour le compte de ses souscripteurs. Le poids de chacune des valeurs dans l’indice est respecté. Pour l’épargnant, l’avantage est net : il lui suffit de regarder l’évolution de l’indice pour connaître la performance du fonds dans lequel son argent est placé. C’est très simple. En outre, les frais sont généralement plus faibles qu’avec la gestion active. La raison est la suivante : la plupart du temps, ces fonds sont pilotés de façon automatique, avec une intervention humaine réduite à la portion congrue.

À l’inverse, la gestion active consiste à placer son argent entre les mains du gérant d’un fonds d’investissement. Il opère une sélection des entreprises cotées qu’il souhaite intégrer dans son fonds en se basant sur le travail d’analystes. Les fonds en question ont un univers d’investissement plus ou moins important. Les fonds les plus purs vont suivre une vingtaine d’entreprises. D’autres peuvent en suivre beaucoup plus. Tout dépend de la stratégie du gérant. Prenons le fonds Premium Brands* de Pictet Asset Management. C’est un fonds thématique sur le luxe qui comporte actuellement une vingtaine d’entreprises, comme LVMH, Richemont ou encore Ferrari.

Au premier abord, on pourrait se dire qu’il est préférable d’opter pour les ETFs plutôt que la gestion active. Après tout, les ETFs sont transparents et moins chers. Mais ce n’est pas aussi simple que cela. Les ETFs conviennent parfaitement en période de calme sur les marchés financiers – comme en 2023 et en 2024. Quand les turbulences surviennent, ça devient plus compliqué comme on a pu le constater ces dernières semaines à l’occasion de la correction des marchés boursiers américains.

 

Les inconvénients de la gestion passive

 

La gestion passive favorise les distorsions de marché. Elle accentue la concentration sur les plus grands acteurs, notamment les Sept Magnifiques (Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvidia, Tesla, Meta) qui ont contribué à 44% de la performance du S&P 500 l’an dernier. Nvidia, le géant de l’IA et des semi-conducteurs, a représenté à lui seul 21% de la performance de l’indice américain. Ce n’est pas sain. Lorsque le marché panique, comme c’est le cas actuellement, ces acteurs trébuchent et emportent toutes les autres entreprises dans leur chute. On a assisté, depuis le début de l’année, à des sorties massives d’argent placé dans les ETFs d’actions américaines – ces flux sont tellement énormes qu’ils ont déstabilisé tout le marché, y compris le dollar.

Au passage, les épargnants qui ont justement voulu vendre leurs ETFs d’actions américaines ont pu avoir une mauvaise surprise. Ils ont souvent constaté un écart important entre le cours de l’indice et le cours de l’ETF au moment de céder son titre. Comment expliquer cela ? L’épargnant ne connaît pas l’heure exacte d’exécution de vente de toutes les actions composant l’ETF. Quand les marchés sont calmes, ce système convient bien. En période de turbulences boursières en revanche, la volatilité est élevée. Il peut y avoir de grosses différences qui vont rogner fortement la performance attendue. Ces écarts sont en revanche impossibles avec les fonds de gestion active. En effet, la valorisation est quotidienne, faite à partir du cours des actions à la clôture des marchés.

L’autre problème des ETFs, c’est qu’ils font fi de la valorisation des entreprises. Parfois, ça compte. Il y a quelques années, la valorisation d’Apple avait augmenté alors que ses ventes étaient stables. Beaucoup de gérants avaient alors vendu le titre ou réduit leur exposition à celui-ci. C’était la bonne chose à faire. Un ETF n’a pas cette flexibilité. On peut actuellement justement s’interroger sur la valorisation de Nvidia qui est 53 fois plus importantes que ses ventes. Pire, dans le cas de Tesla, c’est 83 fois ! Ce n’est malheureusement pas pris en compte avec un ETF.

 

Une opposition stérile

 

Dans les faits, comme toujours, la clé est la diversification. Si on souhaite une exposition aux grandes valeurs technologiques américaines, il peut être opportun d’avoir un ETF sur le Nasdaq, par exemple. Tout en gardant en tête les risques éventuels lorsque les marchés sont volatils. Mais il ne faut certainement pas mettre tous ses œufs dans le panier – et ainsi éviter de suivre aveuglément ceux qui font la promotion des ETFs. Il est nécessaire également de faire confiance à des gérants qui auront l’expertise et la flexibilité de réagir aussi bien pendant les périodes de hausse que les phases de baisse des marchés financiers. Leur performance sur le court comme sur le moyen et le long terme sont accessibles en quelques clics. Tout est question de dosage, comme souvent en investissement.

 

 

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