En 2020, la pandémie de COVID-19 a brutalement interrompu l’une des plus longues périodes de croissance économique des États-Unis. Avant cela, l’économie américaine avait connu 42 trimestres consécutifs d’expansion, une situation historique qui avait commencé en 2009 et s’était prolongée jusqu’à la fin de 2019. Malgré quelques ralentissements ici et là, notamment au cours des premiers trimestres de 2011 et de 2014, l’économie des États-Unis affichait une croissance moyenne de 2,5 % par an sur cette période.

Cependant, avec la pandémie de COVID-19, c’est un choc externe massif qui a freiné cette dynamique exceptionnelle. Depuis lors, l’économie américaine a rebondi avec une résilience impressionnante. Pourtant, aujourd’hui, avec les incertitudes économiques, les tensions géopolitiques mondiales et les changements politiques internes, beaucoup se demandent si une nouvelle récession pourrait frapper. Selon une enquête menée par Bloomberg, les experts estiment qu’il y a environ 30 % de chances qu’une récession survienne, tandis que la Réserve Fédérale (FED) de New York estime même ce risque à près de 60 % dans les 12 prochains mois, sur la base de l’inversion de la courbe des taux.

 

Etats Unis recession

Les États-Unis sont-ils vraiment en risque de récession ?

 

 

Un vrai risque de récession ? Pas si sûr

 

Malgré ces inquiétudes, de nombreux analystes estiment que le risque d’une récession « réelle » aux États-Unis reste limité. Il est vrai que certains indicateurs macroéconomiques suggèrent une contraction possible de l’activité économique, mais cette situation doit être nuancée. L’économie américaine est robuste, diversifiée, et beaucoup moins sensible aux chocs externes que ses homologues européennes. Contrairement à l’Europe, dont les perspectives de croissance restent faibles, les États-Unis bénéficient d’une croissance potentielle bien plus élevée, oscillant entre 2 % et 2,5 %, ce qui leur permet de s’éloigner plus significativement d’une trajectoire de récession.

Cette résilience est également le résultat d’une économie beaucoup plus souple. Comme l’a récemment souligné un dossier de The Economist, les États-Unis jouissent d’une domination économique sans précédent. En 1990, leur PIB représentait environ 40 % de celui du G7 ; aujourd’hui, il en représente 50 %. Le salaire moyen dans l’État le plus pauvre des États-Unis, le Mississippi, dépasse désormais celui de plusieurs économies développées telles que le Royaume-Uni, le Canada ou encore l’Allemagne. Cela illustre bien à quel point les États-Unis ont réussi à tirer parti d’une combinaison de facteurs pour surperformer leurs homologues. La taille de leur marché, la flexibilité du marché du travail, leur autonomie énergétique et la puissance de leur marché financier en sont des exemples clés.

 

Des secteurs sous tension, mais pas critiques

 

Toutefois, cela ne signifie pas que l’économie américaine est exempte de vulnérabilités. Certains secteurs montrent des signes de faiblesse, notamment la construction et le secteur manufacturier. Depuis 2022, les permis de construire et les nouvelles constructions ont chuté de plus de 20 % par rapport aux niveaux du début de l’année 2022. Cette contraction reflète un ralentissement marqué de l’activité dans ce secteur clé, traditionnellement un indicateur avancé des cycles économiques.

De plus, la production industrielle a stagné au cours des deux dernières années. Les nouvelles commandes industrielles sont en baisse, avec une lecture de 46,1 dans l’enquête ISM de septembre 2024, bien en deçà du seuil neutre de 50. Cette détérioration des carnets de commandes ne laisse pas présager d’une reprise rapide. Pourtant, la macroéconomie américaine n’est pas uniquement déterminée par ces secteurs. Le poids combiné de la construction et du secteur manufacturier dans le PIB américain est relativement modeste, représentant respectivement 4 % et 10 % de la production économique totale au deuxième trimestre 2024.

 

La force des services et de la consommation

 

Ce sont les services, bien plus que les secteurs industriels ou la construction, qui jouent un rôle prépondérant dans l’économie américaine. Représentant près de 70 % du PIB, le secteur des services est le véritable moteur de la prospérité économique du pays. Les dernières données montrent que la consommation privée reste solide, avec une augmentation de 2,8 % au deuxième trimestre de 2024. Et les prévisions pour le troisième trimestre sont tout aussi optimistes. Malgré les préoccupations concernant l’épuisement des économies accumulées pendant la pandémie, le soutien de la baisse des taux d’intérêt et l’appréciation des marchés boursiers en 2023-2024 continuent de favoriser la consommation.

En effet, les marchés boursiers américains sont en pleine forme, atteignant de nouveaux sommets. Le S&P 500, en particulier, a enregistré des gains record en octobre, renforçant la confiance des investisseurs. Les entreprises, malgré un contexte économique incertain, continuent de surprendre positivement. Par exemple, JP Morgan, la plus grande banque américaine, a récemment annoncé que les consommateurs américains étaient en « bonne santé financière ». Les prévisions de croissance des bénéfices pour 2025, autour de 14 %, témoignent de l’optimisme ambiant.

 

Les défis à venir : des incertitudes politiques et sociales

 

Cependant, tout n’est pas rose pour l’économie américaine. Comme le rappelle The Economist, des défis subsistent. L’espérance de vie aux États-Unis est inférieure de trois ans à celle de l’Europe occidentale. La santé publique reste un problème majeur, tout comme l’inégalité croissante des revenus. Les inégalités, en particulier, font l’objet de critiques récurrentes, surtout de la part des mouvements wokistes, bien que ces dernières aient tendance à augmenter davantage par le haut que par le bas. En outre, la dette publique et les déficits budgétaires posent des questions sur la viabilité à long terme de la politique économique américaine.

À plus long terme, l’issue des élections présidentielles de 2024 pourrait également peser sur l’évolution de l’économie. Les programmes des candidats incluent des propositions qui pourraient avoir des impacts significatifs. Toutefois, la composition du Congrès, qui sera également partiellement renouvelée, pourrait limiter la mise en œuvre de certaines réformes. Des responsabilités « mixtes » entre le Président et le Congrès compliqueraient l’adoption de programmes politiques audacieux, freinant ainsi certaines initiatives économiques.

 

Faut-il surpondérer les États-Unis dans vos investissements ?

 

Chez Centaure Investissements, nous avons toujours cru en la puissance de l’économie américaine, ce qui nous a poussés à surpondérer les actions américaines et particulièrement le secteur de la tech. Aujourd’hui, près de 50 % de notre allocation en actions est concentrée sur les États-Unis. Certes, la diversification est importante, tant en termes de classes d’actifs (actions, obligations, immobilier, private equity, fonds structurés dédiés …) que de régions géographiques, mais il est difficile d’ignorer la surperformance continue de l’économie américaine.

Cependant, nous restons prudents, en particulier à l’égard de l’Europe, qui frôle la récession, et des valorisations élevées des indices américains, portés par quelques grandes entreprises technologiques. Ces valeurs dites « Magnificent », comme Apple, Microsoft et Nvidia, ont représenté une part disproportionnée de la hausse des marchés boursiers, ce qui rend les indices vulnérables à tout retournement.

 

Conclusion : une croissance qui semble durable

 

En conclusion, malgré des faiblesses dans certains secteurs spécifiques et des incertitudes politiques, l’économie américaine continue de croître et d’afficher des performances impressionnantes. Les facteurs structurels qui ont permis à cette économie de surperformer au cours des trois dernières décennies, comme la flexibilité du marché du travail, l’autonomie énergétique, et la domination des marchés financiers, sont toujours en place. Si des risques existent, ils semblent pour l’instant maîtrisés, et la croissance pourrait bien se prolonger pendant plusieurs années encore. Il reste à voir dans quelle mesure les résultats des élections et d’autres facteurs externes influenceront cette trajectoire, mais pour le moment, les États-Unis semblent être en bonne position pour rester l’une des principales forces économiques mondiales.

 

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